• "Azraël surveillait ses enfants. Il les ressentait dans son coeur, dans sa chair, dans ses os. Il connaissait leurs peurs, leurs joies, leurs faiblesses, leurs amours. Et parfois, dans la mesure du possible, ils les aidaient à résoudre leurs problèmes. C'est parce qu'il avait insufflé un peu de son pouvoir en David que celui-ci avait pu vaincre Djibril. Car David était l'unique chance qu'il avait d'être libre un jour.

    Flora découvrit l'autre côté pour la première fois. Elle se souviendrait toujours du froid qui régnait. C'était un froid mordant, glacial. Mortel. La jeune fille frissonna. David enlaça la brune.
    -C'est normal. Le froid est beaucoup plus intense pour les vivants. Pour ceux qui peuvent faire le lien entre les vivants et les morts, ce froid est beaucoup moins intense. Quant aux morts, eux, ils ne le ressentent pas.
    Les deux adolescents avancèrent vers le bâtiment blanc. Le sol de terre craquelée et le ciel nuageux étaient désespérément sombres. 

    Azraël sentit une présence. Pas Dieu. Quelque chose de différent. Il sentit un voile passer sur son crâne. Une voix douce s'éleva, comme portée par les airs :
    -Mon pauvre Ange... Ne t'inquiète pas. Bientôt, j'emporterai l'âme de ton ennemi dans un lieu où il ne pourra plus te faire du mal. Mais sois patient.
    Puis, la voix s'estompant, elle ajouta :
    -Tout vient à point à qui sait attendre, Azraël.
    Cette mystérieuse inconnue, qui venait lui rendre visite en faisant fit des protections de Dieu, était l'une des seules choses qui lui permettaient de tenir.

    L'arrivée de Flora fit sensation chez les Enfants d'Azraël. Les réactions étaient plus ou moins mitigées, mais un point était sûr : elle n'aurait pas dû être là.
    La jeune fille se sentait mal à l'aise. D'autant que certains menaçaient d'utiliser leur Droit de Mort sur elle.
    Ce fut l'arrivée d'Aurore qui calma les esprits.
    -STOP ! cria-t-elle. Peu importe qu'elle soit ici ou non, on a un problème beaucoup plus grave.

    Après quelques heures de discussion, un choix fut fait : Dieu leur avait laissé le loisir du lieu de la bataille et de la date à laquelle elle se déroulerait. Ils envoyèrent un corbeau porter le message à leur ennemi.

    Dieu hurla de rage. Il leur avait laissé le choix du lieu de la bataille. Ils avaient choisi le lieu qui servait de porte entre le monde des humains et le monde des êtres d'essence divine. Le Jardin d'Eden. En combattant là-bas, ils détruiraient sa plus belle création. Mais il était obligé de s'y plier. D'autant qu'ils avaient choisi trois jours d'intervalle. Ils combattraient le jour où son palais serait le plus près du sol. Il savait qu'ils comptaient libérer Azraël. Aussi l'Ange de la création dut-il s'incliner. Il avait une idée en tête. Son rire machiavélique fit frémir l'Ange de la Mort. Bientôt, tout serait terminé."


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  • "Dieu descendit de son trône et s'avança vers un passage secret. Il avança dans le chemin qui s'ouvrait à lui. Il descendit l'escalier en colimaçon qui menait vers les geôles du palais. Il allait rendre visite à un être enchaîné depuis longtemps. 

    Azraël entendit des pas se rapprocher. Il était aveugle depuis longtemps, étant donné qu'il n'avait pas pu régénérer son corps. De l'Ange de la Mort, autrefois si beau et si attirant, il ne restait plus qu'un squelette, habillé de lambeaux noirs. L'allégorie la plus connue de la Mort s'était fondue en lui. Il avait prié ses dieux de l'aider, mais ils n'avaient pas répondu. Après tout, le dieu des défunts et la déesse de la Mort étaient peut-être occupés.
    Son visiteur se rapprocha. S'il était aveugle, il pouvait encore parler et entendre :
    -Que me veux-tu, Dieu ?

    Dieu ne répondit pas tout de suite.
    -Tu ne m'avais pas dit que tu avais des enfants, Azraël.
    -Tu ne me l'avais pas demandé, trop persuadé que tu étais d'avoir éliminé ma seule progéniture.
    L'Ange de la Création gifla son prisonnier. Qui était devenu insensible.
    -PAS DE ÇA AVEC MOI, AZRAËL ! JE TE RAPPELLE QUE TU ES SOUS MA COUPE !
    Silence de la part de l'intéressé. Dieu reprit :
    -J'ai envoyé Djibril pour éliminer tes enfants. En commençant par un certain David Mickelanje. Il a échoué. Pourquoi ?
    Aucune réponse, mais un silence curieux.
    -J'ai ma petite idée sur la question, Azraël. Mais je ne la partagerai pas avec toi.
    Puis le geôlier de l'Ange de la Mort partit.

    Dieu réfléchissait. Djibril n'avait pas réussi à éliminer David. Mais peut-être les autres enfants de son pantin étaient-ils plus vulnérables...
    -ISRAFEL, MICKAËL ! Venez ! J'ai une mission de la plus haute importance à vous confier !

    Flora se remettait doucement de ses blessures. La jeune fille était encore faible et avait encore un peu mal, mais elle pouvait tenir debout.
    Elle et David se rendaient au lac. Il n'y avait plus aucune trace du combat entre le jeune homme et Djibril. L'archange s'était tout simplement effacé. Les deux adolescents étaient assis sur la colline quand le même bruit sourd qui avait accompagné Djibril se fit entendre. Deux archanges se tenaient là. L'un deux portait un drapeau blanc.
    -Nous venons en paix, dit le premier.
    -Transmets à tes frères et soeurs, jeune David, ce message : 
    -Dieu déclare la guerre aux enfants d'Azraël, termina le second.

    L'instant d'après, ils avaient disparu.
    Le beau blond envoya un message rapidement. Puis reçut une réponse.
    -Visiblement, ils sont eux-aussi au courant.
    -Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Flora.
    -Je vais devoir t'emmener avec moi.
    -Où ?
    -De l'autre côté."


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  • "Le temps passa. Flora ne montrait aucun signe de réveil et David ne reçut plus de message concernant les réunions des Enfants d'Azraël. Quelques-uns prenaient de ses nouvelles de temps à autre, mais ils étaient rares. Le beau blond était maintenant seul. Ses amis n'arrivaient pas à lui remonter le moral. Il était triste à voir.

    L'enfant de l'Ange de la Mort se rendait chaque jour auprès du lac. Visiblement, son pouvoir d'apaisement était intact. Souvent, l'adolescent restait jusque tard le soir. Et aussi souvent, il arrivait en cours, la mine fatiguée. Ses résultats étaient en chute libre. De 19 de moyenne, il passa à 10. Mais les professeurs se turent, conscients des tourments qui agitaient l'âme de l'Enfant d'Azraël.

    Les jours passaient. Les arbres et plantes mourraient peu à peu. L'automne céda sa place à l'hiver. Les températures dégringolèrent dans une lente chute. Une cruelle chute.
    David se rendait à l'hôpital tous les samedis. Il veillait sur sa bien-aimée, priant Azraël de lui laisser la vie sauve, même si ce dernier était sous l'influence de Dieu. Sa famille ne tenta rien pour éliminer Flora. Pour le moment.

    Aurore revint une semaine avant Noël et décida de passer les vacances chez son petit frère. Elle ne s'entendait que moyennement avec sa belle-mère, ce qui l'arrangeait et évitait à son mari plusieurs crises de nerfs. Sa visite sortit un peu le jeune homme de sa tristesse et aussi prépara-t-il une chambre pour elle. Son beau-frère les rejoindrait plus tard, avec ses neveux. Ensemble, David et Aurore décorèrent la maison (le beau blond n'était pas très doué pour ça, ce qui fit enrager la belle rousse) pour les festivités. Si les enfants de la Mort détestaient Dieu et ses sbires, ils fêtaient Noël pour le simple plaisir que cela apportait.

    Pour la soirée du 25 décembre, la soeur de David avait invité les parents de Flora à dîner. Lorsque ceux-ci arrivèrent, ce fut la jeune femme qui les accueillit. Elle les mena jusqu'à l'entrée du salon, où elle appela David.
    -DAVID ! LES INVITÉS SONT ARRIVÉS !¨
    Le jeune homme se leva et alla à leur rencontre.
    -Joyeux Noël David ! dirent-ils les parents de la brune.
    -joyeux Noël à vous aussi.
    -On a un cadeau pour toi.

    -Vous n'étiez pas obli...
    Les parents de Flora s'écartèrent, laissant apercevoir la jeune fille. David se jeta sur elle et l'enlaça, tout en l'embrassant. Cette année-là, Noël tombait un vendredi."


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  • "-Aurore ? Mais qu'est ce que tu fais là ?
    -J'ai plusieurs réponses à ta question. La première, et la plus évidente : j'aime beaucoup Flora. Et puis, je me souviendrai toujours de la surprise que tu lui as faite en lui donnant mon numéro au lieu du tien.
    -Oui, elle m'a raconté ça. C'était la première fois qu'elle te rencontrait.
    -Ensuite, j'ai pu remarquer que ta relation avec elle avait beaucoup évolué. Et je voulais prendre de tes nouvelles.
    -Comme tu peux le constater, je ne vais pas très bien. C'est tout ?
    -Non. Il y aura bientôt une nouvelle réunion des Enfants d'Azraël.
    -Je sais, j'ai reçu le message.
    -Je serai absente.

    -Absente ? Mais...
    -Je sais, mais je dispose d'une dispense exceptionnelle. L'obligation de s'y présenter ne m'atteint donc pas.
    La belle rousse se dirigea vers la sortie, puis, avant de partir, elle ajouta :
    -Tu ne m'as pas l'air si atteint par ce qui arrive à Flora.
    Le jeune homme eut pour réponse :
    -Je m'efforce de masquer mes émotions. Et j'ai encore de l'espoir.
    -C'est bien. L'espoir fait vivre.
    Puis Aurore partit.

    Le beau blond s'assit sur la chaise située près du lit de sa bien-aimée. Il la contempla. Si ses blessures physiques pouvaient guérir, il espérait que les blessures mentales ne la pousseraient pas à le quitter. Décidément, le Destin était bien cruel. Mais ce n'était rien face à la décision que les Enfants d'Azraël allaient prendre...

    David se rendit de l'autre côté, d'humeur morose. Le froid habituel lui parut plus mordant que d'habitude. Une fois dans le bâtiment blanc, il se rendit dans l'auditorium. C'était, à ce qu'il avait compris, une réunion des plus importantes. Il prit une place dans le fond. Visiblement, il était le dernier arrivant.
    -Ah, David. On t'attendait.
    <<C'est pas bon signe>>, pensa le concerné. Il n'avait pas tort.
    Celui de ses frères qui l'avait interpellé prit à nouveau la parole :
    -Nous avons eu vent d'un certain évènement. Tu aurais été confronté à un des sbires de notre ennemi. Tu l'as vaincu, mais en mettant la vie de ta petite amie en danger. Petite amie qui est au courant de notre secret.
    -Oui, et alors ?
    Cette fois, ce fut une de ses soeurs qui leva la voix :
    -Le problème, c'est que tu n'as pas respecté la règle première que nous avions fixé : ne jamais révéler le Secret à qui que ce soit.
    -Mais...
    -Pas de mais. Tu dois éliminer la menace. Tu dois prendre la vie de ta bien-aimée !

    -NON ! Jamais !
    Les deux aînés se levèrent et prirent la parole d'une même et unique voix :
    -Tu n'as pas le choix ! Tu es soumis à la Décision Commune !
    La Décision Commune, ou le sortilège de soumission absolue des Enfants d'Azraël. Une lueur bleue formant un anneau enserra David. 
    -Je refuse... DE ME SOUMETTRE !

    L'anneau se brisa. Provoquant un regard de peur de la part des frères et soeurs de David.
    -Comment ?
    -La volonté du coeur vaut plus que la volonté d'un ensemble froid. Si tu comprends ça, tu auras la réponse.
    L'aînée prit la parole.
    -David. Si tu pars maintenant, nous ne te considérerons plus comme notre frère.
    Le jeune homme se retourna, et sans un mot, il signa, aux yeux de sa famille, son acte de décès."


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  • "La réaction de Dieu fut sans appel. Il ne pouvait pas se débarrasser du problème de lui-même, il était trop occupé à surveiller sa création. Aussi envoya-t-il un de ses sbires, Djibril, connu comme étant l'Archange Gabriel. Djibril était l'un des subordonnés de l'Ange de la Création les plus puissants. Venaient ensuite Mikaël (Michel) et Israfel (Raphaël). L'archange ne leur demanderait pas d'aide. Il était suffisamment puissant pour éliminer le problème.

    Les deux adolescents étaient blottis l'un contre l'autre, dans le salon de David. Sa mère était morte à sa naissance. C'est ce qui arrivait à tous les Enfants d'Azraël. Il n'avait pas de père humain. Azraël avait juste activé son sort sur une femme au hasard. Et la mère de David était très, très riche. 
    La brune et le beau blond s'embrassaient langoureusement quand un bruit sourd se fit entendre près de la maison. Les deux amants sursautèrent, puis sortirent de l'habitation.

    Rien. La rue était vide. Flora et David se dirigèrent vers le lac. Rien non plus à leur arrivée. Même bruit sourd, plus proche et plus fort. Derrière eux. Un être ailé, entouré d'une auréole d'or, se tenait devant eux. La peur se peignit sur les traits de l'Enfant d'Azraël.
    -Par Azraël ! Djibril !
    L'archange prit la parole :
    -Tiens tiens tiens ! Serais-je face à l'un des rejetons de l'Ange de la Mort ?
    Silence de la part de l'intéressé. Mais son regard empli de haine et de peur suffit à répondre à Djibril.
    -Dieu tout puissant m'a donné l'ordre d'éliminer tes frères et soeurs, en précisant que je devais commencer par toi. Ta mort sera rapide si tu me laisses te tuer. Quant à l'humaine, elle t'oubliera.
    -Ne crois pas que je me laisserai battre facilement, Djibril.
    -Une rébellion ? Dommage. J'aurais préféré éviter de te faire souffrir.

    L'archange, le bras armé de la volonté de Dieu, dégaina une épée enflammée d'un fourreau jusque là invisible. Alors que l'ennemi de l'enfant de la Mort se rapprochait avec une vitesse inouïe, Flora s'interposa, recula de quelques centimètres et encaissa le coup d'épée. Une énorme blessure se dessina d'un liquide rougeâtre sur les vêtements de la jeune fille. David n'avait pas eu le temps de réagir. Flora s'effondra dans ses bras, et lui se laissa tomber à terre, assis, les larmes aux yeux. Personne ne sut ce que les deux amants se dirent à ce moment là, mais toujours est-il que ces phrases arrachèrent quelques larmes au jeune homme.

    -Je dirai qu'il y a eu quelques dommages collatéraux, osa dire l'archange.
    Cette phrase fut la phrase de trop. David se releva. Il appellerait les secours plus tard. Il invoqua l'Habit de Mort, et plutôt que d'user du Droit de Mort, qui était de toute façon inefficace sur les êtres d'essence divine, il invoqua autre chose. Seuls les Enfants d'Azraël les plus habiles pouvaient l'invoquer. La Faux d'Azraël. Une arme digne de la Mort, forgée dans la peine par l'Ange lui-même.
    -Flora n'est pas un simple dommage collatéral. C'est aussi mon premier amour. Et tu viens de commettre une erreur qui te coûtera la vie.
    Puis David attaqua. Faux contre épée. La Vengeance par la main de l'Amour et l'Extermination par le bras armé de Dieu. Djibril avait commis une grave erreur en croyant que ce serait facile. Il avait sous-estimé son adversaire. Ce fut ce qui causa sa perte.

    Une journée plus tard, David alla voir sa bien-aimée à l'hôpital. Si elle était encore en vie, ça relevait du miracle. En fait, elle était dans le coma. Rien ne permettait d'affirmer si elle survivrait ou non. 
    Lorsque le jeune homme arriva, Aurore était là."


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